Comment gérer l’incontinence d’une personne atteinte d’Alzheimer ?

18 septembre 2025
gérer l'incontinence d'une personne atteinte d'Alzheimer
L’incontinence urinaire est fréquente chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, notamment à un stade avancé. Pour les aidants et l’entourage, les fuites urinaires sont un problème en plus à gérer au quotidien. Comment aider la personne malade à garder sa dignité, tout en préservant son confort et son autonomie ? Comment organiser la prise en charge à domicile ou en établissement ? Voici les solutions concrètes à mettre en place, et les bons réflexes à adopter pour améliorer la qualité de vie de chacun.

Sommaire

Alzheimer et troubles urinaires : explications

L’incontinence urinaire chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer est principalement liée à la progression de la démence et à l’altération des fonctions cognitives.

Une perte progressive de repères

Au fil des ans, la maladie d’Alzheimer altère la mémoire, la perception du temps et de l’espace. La personne malade peut alors :

  • oublier où se trouvent les toilettes,
  • ne pas reconnaître les signes que sa vessie est pleine,
  • ne plus savoir comment exprimer son besoin d’uriner,
  • ou simplement ne pas réussir à s’y rendre à temps.

Dans certains cas, elle peut même confondre d’autres pièces de la maison avec les WC (penderie, couloir…), ou ne pas comprendre comment les utiliser.

La maladie ne touche pas que la mémoire et peut faire apparaître au fil du temps des troubles moteurs : difficultés à marcher, perte d’équilibre, raideurs… Autant d’obstacles physiques qui compliquent l’accès rapide aux toilettes.

L’effet des médicaments

Enfin, certains traitements prescrits dans le cadre d’Alzheimer ou des pathologies associées (troubles du sommeil, anxiété, etc.) peuvent avoir des effets secondaires indésirables sur la fonction urinaire : baisse de vigilance, somnolence, relâchement musculaire, etc.

Les types d’incontinence les plus fréquents dans la démence

Incontinence par impériosité

C’est l’une des formes les plus courantes. La personne ressent un besoin soudain et urgent d’uriner, sans toujours réussir à se retenir jusqu’aux toilettes. Cela peut être dû à une hyperactivité de la vessie, mais aussi à une diminution du contrôle cognitif lié à la maladie. Résultat : les pertes arrivent fréquemment, surtout en journée, parfois sans aucun signal préalable.

Incontinence fonctionnelle

Ici, le problème ne vient pas directement de la vessie, mais de l’incapacité à aller aux toilettes à temps. La personne sait qu’elle doit uriner, mais elle est gênée par des troubles moteurs, une désorientation spatiale ou un manque de réactivité. C’est typique chez les personnes qui n’arrivent plus à se repérer dans leur logement ou qui ne peuvent pas exprimer leur besoin à un aidant.

Incontinence mixte

Dans de nombreux cas, il ne s’agit pas d’un seul type d’incontinence, mais d’une combinaison. Une personne peut par exemple souffrir à la fois d’impériosité et de difficultés à se déplacer ou à reconnaître les lieux. On parle alors d’incontinence mixte, qui demande une prise en charge globale : gestion médicale, aides techniques et adaptation de l’environnement.

À lire aussi : L’incontinence chez les personnes dépendantes

Comment accompagner au quotidien une personne Alzheimer incontinente ?

Créer une routine rassurante autour des toilettes

Mettre en place une routine simple et répétitive permet de sécuriser la personne malade, de limiter les accidents et de faciliter le quotidien.

Bon à savoir : dans la maladie d’Alzheimer, la mémoire immédiate est souvent altérée, mais les habitudes répétées peuvent être mieux retenues.

Voici ce que vous pouvez faire :

  1. Définir des horaires réguliers pour aller aux toilettes

    Proposer d’aller uriner à des moments fixes de la journée aide à anticiper les fuites :

    • au lever,
    • après les repas,
    • avant les sorties,
    • avant le coucher.

    Ce "rythme" quotidien devient un repère pour la personne atteinte de troubles cognitifs. Cela permet aussi de réduire l’anxiété liée aux pertes et d’éviter les épisodes d’urgence urinaire.

  2. Aménager un accès facile et sécurisé

    Il est impératif de faciliter l’accès aux toilettes via les conseils suivants :

    • laisser la porte des WC ouverte (si cela ne nuit pas à l’intimité),
    • installer des repères visuels (pictogrammes, éclairage automatique),
    • éviter les obstacles (tapis glissants, meubles encombrants).

    Bon à savoir : si la personne a du mal à reconnaître les toilettes, un rappel oral simple et bienveillant peut suffire. Exemple : "On va aux toilettes maintenant".

    Attention, il faut encourager sans brusquer. Il est important de ne jamais forcer la personne, au risque de provoquer du stress ou un refus. L’approche doit rester douce, calme et ritualisée. En cas de refus, attendez quelques minutes et proposez à nouveau.

Porter des vêtements adaptés à l’incontinence

Les vêtements spécifiquement conçus pour l’incontinence permettent de préserver la dignité, le confort et la sécurité de la personne atteinte d’Alzheimer. Le modèle le plus adapté reste la grenouillère pour adulte.

Parfaitement adaptée au maintien à domicile comme en établissement, elle facilite grandement la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. Grâce à leur fermeture intégrale dans le dos jusqu’à l’entrejambe, elles empêchent la personne d’arracher ses protections ou de se dévêtir durant la nuit ou durant une phase d’inconscience. Pour l’aidant, c’est un gain de temps considérable au quotidien : l’habillage et le change se font rapidement et sans manipulation complexe.

Benefactor propose des grenouillères pour adultes en perte d’autonomie conçues en coton 100 % confortable. Nos modèles se déclinent en tissus légers (jersey) ou plus épais (molleton), adaptés selon la saison.

Par ailleurs, ces vêtements sont lavables à 90 °C pour maintenir une hygiène irréprochable.

Porter des protections urinaires

Le choix d’une protection urinaire adaptée doit tenir compte du niveau de dépendance, de la fréquence des fuites, mais aussi de la mobilité de la personne et de sa capacité à aller seule aux toilettes.

  • Pour une personne encore autonome (stade léger à modéré)
    Si la personne peut encore marcher seule et reconnaître les toilettes, des protections urinaires lavables discrètes peuvent suffire.
    Benefactor propose aussi des culottes absorbantes pour les fuites légères à modérées. Elles se portent comme des sous-vêtements classiques et permettent à la personne de conserver ses habitudes.
  • Pour une personne en perte d’autonomie (stade modéré à avancé)
    Si la personne a du mal à aller seule aux toilettes ou présente des comportements d’arrachage, mieux vaut combiner une protection absorbante (lavable ou jetable selon le cas) avec un vêtement adapté, comme une grenouillère.

Adapter l’environnement pour éviter les accidents

Des aménagements simples peuvent réduire les risques d’accident, apaiser les troubles liés à la mémoire et renforcer l’autonomie au quotidien. Un environnement bien pensé limite non seulement les fuites, mais aussi le stress pour la personne malade, qui se sent plus en sécurité et mieux guidée.

Voici une série de bonnes pratiques :

1. Aménager des repères visuels

  • Utilisez des contrastes de couleurs pour distinguer la lunette des toilettes du sol.
  • Privilégiez des luminaires puissants pour bien éclairer la salle de bain.
  • Installez un chemin lumineux ou des bandes adhésives au sol menant aux WC.

2. Installer des équipements adaptés

  • Barre d’appui près des toilettes pour faciliter l’assise et le relevé.
  • Rehausseur de cuvette si besoin, en cas de faiblesse physique.
  • Chaises percées dans la chambre pour éviter les déplacements nocturnes risqués.

3. Éviter les situations de confusion

  • Évitez si possible les pièces aux usages multiples (ex. : toilettes dans une salle de bain encombrée).
  • Réduisez les bruits parasites, qui peuvent désorienter la personne.

Conseils pratiques pour les aidants : prévenir, observer, réagir

Anticiper les moments à risque

1. Avant et après les repas

Boire pendant les repas stimule la vessie, surtout si la personne consomme des liquides en quantité. Pensez donc à proposer les toilettes environ 30 minutes après chaque repas. Vous pouvez aussi adapter l’horaire du dîner pour éviter les réveils nocturnes liés à une vessie pleine.

Privilégiez une hydratation régulière dans la journée, plutôt qu’un apport massif le soir.

2. En fin de journée : le syndrome du coucher du soleil

La fin de journée est souvent marquée par une agitation accrue chez les personnes âgées atteintes de démence (phénomène appelé "sundowning"). Cela peut entraîner des troubles du comportement, une difficulté à exprimer un besoin d’uriner ou un refus d’aller aux toilettes.

Pour limiter les risques d’incontinence nocturne, il faut instaurer une routine calme avant le coucher, avec un passage systématique aux toilettes.

3. Pendant les sorties ou rendez-vous extérieurs

Les déplacements peuvent désorienter la personne et retarder le moment d’uriner.

Avant chaque sortie, assurez-vous que la personne a bien vidé sa vessie. Vous pouvez aussi apporter une protection de rechange et des lingettes en cas d’accident.

Tenir un journal de bord

En tant qu’aidant, tenir un journal de bord peut s’avérer très utile. Ce carnet permet de repérer des schémas récurrents, d’identifier les moments à risque et de faciliter la prise en charge adaptée par les professionnels de santé.

Vous pouvez y noter :

  • Les horaires des fuites urinaires constatées ;
  • Les moments où la personne urine aux toilettes ;
  • Ce qu’elle a mangé ou bu avant les accidents ;
  • Les éventuels signes d’agitation ou d’inconfort ;
  • L’efficacité des protections utilisées ;
  • Toute modification du comportement ou de l’état général.

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Repérer les signes d’un besoin d’uriner

Certains signes corporels ou comportementaux peuvent alerter l’aidant :

  • Agitation soudaine ou comportement inhabituel (se lever, tourner en rond, s’accroupir…)
  • Mains posées sur le bas-ventre ou gestes répétés vers cette zone
  • Regard inquiet, anxiété ou refus de s’asseoir
  • Tentatives de se déshabiller ou d’aller vers la salle de bain
  • Soupirs, grognements ou expressions de gêne

Être attentif à ces signes permet d’anticiper et d’emmener la personne aux toilettes à temps.

Préserver la dignité de la personne malade

L’incontinence peut être source de gêne, frustration ou honte. Il est important de faire le maximum pour préserver la dignité du proche malade, tout en veillant à son bien-être physique et émotionnel.

Adoptez une attitude respectueuse et bienveillante en parlant à la personne avec douceur, sans jugement, même en cas d’accident. Évitez les remarques négatives ou les gestes brusques.

Proposez les changes ou l’aide aux toilettes de manière discrète, comme un soin normal du quotidien.

Autre point important : préserver l’intimité autant que possible. Lors de la toilette, fermez la porte ou tirez un rideau pendant les soins. Impliquez autant que possible la personne dans le processus si elle en est capable (tenir une lingette, choisir un sous-vêtement).

Enfin, assurez-vous que la personne reste bien propre, habillée avec soin, coiffée : ces petits gestes renforcent l’estime de soi.

Chaque détail compte pour que la personne malade reste actrice de sa vie, dans le respect de ce qu’elle est et a été.

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Aidants : pensez à vous faire accompagner

L’incontinence urinaire chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peut être difficile à vivre au quotidien. Au-delà des gestes simples, des protections adaptées et un environnement sécurisé, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul·e. L’association France Alzheimer propose un dispositif de soutien dédié aux aidants : informations sur les droits des aidants, formations, vacances… tout ce dont vous avez besoin pour vous aider et vous alléger le quotidien.